Jusqu’à la garde

Xavier Legrand

Avec Denis Ménochet, Léa Drucker, Thomas Gioria

  • 2017
  • 1h33

Le couple Besson divorce. Pour protéger son fils d’un père qu’elle accuse de violences, Miriam en demande la garde exclusive. La juge en charge du dossier accorde une garde partagée au père qu’elle considère bafoué. Pris en otage entre ses parents, Julien va tout faire pour empêcher que le pire n’arrive.

Sous un angle réaliste et sans pathos, Xavier Legrand aborde de front les violences intrafamiliales, dépasse les conventions d’un sujet de société et propose un film épuré à l’atmosphère étouffante.

«Primé à Venise et à St Jean de Luz, Jusqu’à la garde est un vrai-faux premier long métrage puisque le réalisateur Xavier Legrand y reprend le dispositif narratif de son premier film court, Avant que de tout perdre – avec Léa Drucker – dont le succès en 2014 avait été retentissant (Oscars, César…). Les problématiques de la violence conjugale étaient déjà au cœur d’un récit immersif. La «version longue» gagne en subtilité, à l’image de son titre au double sens vénéneux. Jusqu’à la garde s’ouvre en une séquence pleinement fondatrice : l’audition du couple devant la juge des affaires familiales pour décider de la garde de leur fils. Non seulement cette séquence oriente le scénario et sa cohorte de péripéties, mais elle donne aussi le ton du film avec ses partis pris de mise en scène qui créent la tension. Filmée dans l’intensité de sa durée, cette scène installe le spectateur à la place de la juge, le confronte à ses doutes et à la parcellarité de son point de vue. La suite du film est à l’avenant : sidérant, inconfortable, effrayant. Xavier Legrand avoue ses aspirations, de Kramer contre Kramer à Shining, en passant par La Nuit du chasseur. Pour autant, nul cinéma de genre ici, même si certaines scènes sont éprouvantes pour les nerfs. Le travail sur le son en particulier est anxiogène (la dramaturgie sonore est aussi soignée que certains planséquences) et les comédiens sont tous parfaits, malgré des partitions mutiques difficiles à tenir. Jusqu’à la garde appuie courageusement là où ça fait mal, en un point névralgique entre conjugalité et parentalité. Un film dont la vision est aussi glaçante qu’illuminante.» (Nicolas Milesi)

Lions d’Argent Prix de la mise scène et Meilleur premier film Mostra de Venise 2017
Meilleur film français de l’année, Meilleure actrice, Meilleur montage et Meilleur scénario original César 2019
Ce film est soutenu par l’AFCAE (Association Française des Cinémas d’Art et Essai)