L’Institutrice

Nadav Lapid

Avec Sarit Larry, Avi Shnaidman, Lior Raz

  • 2014
  • 2h00

Une institutrice décèle chez un enfant de 5 ans un don prodigieux pour la poésie. Subjuguée par ce petit garçon, elle décide de prendre soin de son talent, envers et contre tous. Un deuxième film remarquable d’intelligence et de grâce qui se confronte au mystère de la question du génie dans un pays qui semble avoir oublié la poésie.

L’Institutrice n’est pas seulement un film passionnant : c’est un film absolument majeur dans l’histoire du cinéma israélien, par ailleurs une œuvre remarquable pour les cinéphiles du monde entier. On pressentait que Nadav Lapid, auteur en 2011 d’un premier long métrage follement ambitieux et légèrement godardien – Le Policier, œuvre poétiquement et politiquement tendue comme un ressort –, pourrait rapidement devenir l’une des hautes figures du cinéma israélien contemporain. C’est désormais chose faite avec L’Institutrice, film qui ne paie pas particulièrement de mine, film qui prend le risque, comme toutes les entreprises démesurées, de passer pour désarmante et candide, film qui pourrait même être totalement incompris, c’est-à-dire compris pour ce qu’il montre plutôt que pour ce qu’il cache. (Le Monde)

La deuxième réalisation de Lapid ramasse les inclinations thématiques à l’œuvre chez tous les autres (machismes, archaïsmes et brutalités du corps social israélien) pour les rassembler dans un récit carnassier, d’une puissance de feu esthétique et politique sans égale parmi ses pairs () Par le tranchant et l’autorité calme de ses plans-séquences aux reflets hâves, qui semblent pourtant sans cesse mettre en question la justesse de leur hauteur, le foyer du regard qui s’y trouve porté ou même leur bien-fondé (comme lorsque la caméra se laisse heurter par un acteur dans la scène inaugurale), la réalisation de Lapid, d’une inventivité profuse, s’accole à la fuite désespérée de son étrange couple de personnage, telle la plus féroce des caresses. (Libération)

Le propos du cinéaste dépasse la situation israélienne. Lapid questionne le rôle de la poésie – et donc du cinéma et de la culture en général – dans un monde matérialiste, contaminé par le cynisme et la vulgarité, qui ne lui accorde plus aucune place et encore moins de valeur. L’Institutrice, sans provocation ni grand discours, mais avec une intelligence et une sensibilité artistique exceptionnelles, est un grand film de résistance (Olivier Père)

Séance Spéciale Semaine de la Critique Festival de Cannes 2014