The Tribe

Myroslav Slaboshpytskiy

Avec Grigoriy Fesenko, Yana Novikova, Rosa Babiy

  • 2013
  • 2h10

Sergey, sourd et muet, entre dans un internat spécialisé et doit subir les rites de la bande qui fait régner son ordre, trafics et prostitution, dans l’école. Il parvient à en gravir les échelons mais tombe amoureux de la jeune Anna, membre de cette tribu, qui vend son corps pour survivre et quitter l’Ukraine. Sergey devra briser les lois de cette hiérarchie sans pitié.

Entièrement tourné en langage des signes, sans sous-titres, Plemya n’est pas pour autant un film muet. Au contraire, le film regorge de dialogues, ils sont simplement hors d’atteinte de l’immense majorité des spectateurs. Ces échanges désinvoltes, formels ou enflammés qui font voler les mains des personnages, on n’en devine la teneur qu’à travers les circonstances et les conséquences. Par ailleurs, le film est sonore, et même très sonore : les bruits y semblent exacerbés, de plus en plus agressifs, au fur et à mesure que la violence monte jusqu’au déchaînement final… Paradoxe fascinant : on ne comprend pas tout ce que les héros disent ; eux ne perçoivent pas ce que nous entendons. Le réalisateur ukrainien joue de cette ambiguïté, sans jamais sombrer dans le «truc mode», ni l’exercice de style. Le fond est passionnant, la forme, inventive. Outre le travail sur le son, c’est l’élégance de la mise en scène qui séduit, avec ses plans séquences maîtrisés à l’extrême. De toute évidence, un surdoué du cinéma.

Grand Prix et Prix de la découverte Semaine de la Critique Cannes 2014

Semaine de la critique – Festival de Cannes 2014