Tardes de soledad

Albert Serra

  • Espagne
  • 2025
  • 2h05
  • Documentaire

A travers le portrait du jeune Andrés Roca Rey, star incontournable de la corrida contemporaine, Albert Serra dépeint la détermination et la solitude qui distinguent la vie d’un torero. Par cette expérience intime, le réalisateur de PACIFICTION livre une exploration spirituelle de la tauromachie, il en révèle autant la beauté éphémère et anachronique que la brutalité primitive. Quelle forme d’idéal peut amener un homme à poursuivre ce choc dangereux et inutile, plaçant cette lutte au-dessus de tout autre désir de possession ?

Entre la grâce du ballet funèbre chorégraphié par le toréador – que d’aucun qualifierait de « danseuse ridicule » – et l’horreur de la mise à mort « spectaculaire » de l’animal, la caméra ne juge pas, s’interdit tout commentaire en dehors de la « narration » testostéronée des membres de la quadrille. Seules les images parlent. Le public est certes-là, hors-champ et fabrique l’ambiance sonore, mais, dans l’arène, la caméra ne cadre que l’homme et l’animal dans une observation brute et intime, une approche immersive et sensorielle aussi fascinante qu’envoûtante. Au cœur de cette tragédie et de ce qui fait son essence, intrinsèquement surgissent des émotions contradictoires, des états d’âme, des sensations, nourris par l’instinct et la raison, la solitude de l’un comme de l’autre, la violence, les sangs mêlés, la souffrance et la douleur, la passion, le sublime et le sinistre, la vie et la mort. Et cela nous poursuit hors de l’arène sacrificielle, dans des cycles « narratifs » imprévisibles au cours desquels le toréador, bien que devenu plus accessible, restera néanmoins insaisissable. Humain ? Trop humain ? Ou surhumain, comme le divinise son staff ? Tardes de soledad est en tout cas une œuvre absolue –

GNCR Groupement National des Cinémas de Recherche