Aurora

CRISTI PUIU

Avec CRISTI PUIU, CLARA VODA, CATRINEL DUMITRESCU

  • 2011
  • 3h01

La cuisine d’un appartement : un homme et une femme parlent à voix basse du Chaperon Rouge, soucieux de ne pas réveiller la fille qui est en train de dormir dans l’autre chambre. Des remorques abandonnées sur un terrain vague entouré de maisons, en périphérie de la ville. Derrière celles-ci, un homme guette ce qui semble être une famille. La ville que traverse ce même homme après avoir récupéré deux percuteurs artisanaux nécessaires au fonctionnement de l’arme de chasse qu’il garde chez lui. L’homme a 42 ans, il s’appelle Viorel. Il arpente les rues de la ville, hanté par des pensées confuses, poursuivant un objectif que lui seul connaît

Cinq ans après le puissant La Mort de Dante Lazarescu, Cristi Puiu s’impose en chef de file de la nouvelle vague roumaine. Le principe du regard documentaire agissant dans Lazarescu est maintenu ici mais l’humour n’affleure plus qu’à de rares endroits pour laisser place à un mélange hypnotique d’extrême tension et de totale vacuité. La motivation de Viorel, les causes de son comportement, au début juste bizarre puis carrément psychotique, ne seront données qu’à la toute fin de l’histoire. La grande réussite du film c’est que les liens qui unissent tous les personnages sont très labiles, incertains, et ne favorisent pas les échanges. Mais surtout, cette incertitude crée un univers de plus en plus abstrait, où l’on ne fait plus guère la différence entre les voisins et les membres de la famille, où tout le monde entre chez tout le monde sans que les frontières (entre la raison et la folie) soient discernables. Aurora distille une petite poésie maléfique, un lent poison stupéfiant qui scotche le spectateur de bout en bout.

Film soutenu par le Groupement National des Cinémas de Recherche (GNCR)