Capharnaüm

Nadine Labaki

Avec Zain Alrafeea, Nadine Labaki, Yordanos Shifera

  • 2018
  • 2h03

C’est l’histoire d’un enfant qui n’existe pas. Zain, 12 ans, n’a pas de papiers, n’a jamais été déclaré par ses parents. Dans les rues de Beyrouth, ce maigrichon au visage boudeur mendie ou vend n’importe quoi pour rapporter quelques centimes à ses géniteurs qui l’exploitent et lui gueulent dessus. Zain est en colère contre eux : pourquoi l’ont-ils mis au monde s’ils n’ont pas les moyens de l’aimer ? Surtout, il s’est donné comme mission de protéger sa sœur de 11 ans, Sahar, car il sent bien qu’elle pourrait être donnée en mariage au plus offrant. Zain n’est pas au bout de ses peines, et de sa colère

Nadine Labaki (Caramel) réussit un superbe mélo sur l’enfance en puisant à la source documentaire. Ici, hélas, on le voit, on le sait, tout est vrai, et les acteurs non professionnels ont vécu des histoires équivalentes. La mise en scène épouse les mouvements de Zain, la petite boule de nerf, qui marche dans ces rues de poussière sans s’arrêter, même quand il explique à sa soeur comment cacher qu’elle a ses règles (et, donc, qu’elle est bonne à marier). Ce mouvement perpétuel est aussi une manière, pour lui, comme pour la réalisatrice, de laisser certains drames hors champ ou de ne pas s’y attarder. Au coeur du film, une idée délicieuse : Zain se retrouve en charge du bébé d’une clandestine éthiopienne. Il trimballe cette petite fille, se débrouille pour la nourrir, ne veut pas l’abandonner. C’est le Kid de Chaplin qui veille sur encore plus petit que lui Dans le rôle de ce gosse qui se débat dans le grand bazar de la misère, et demande des comptes aux adultes, Zain Al Rafeea, réfugié syrien de 14 ans, est hallucinant, petit visage buté, regard noir qui a perdu sa candeur.» (Télérama)

Prix du Jury Compétition Officielle Festival de Cannes 2018