Dark Horse

Todd Solondz

Avec Justin Bartha, Selma Blair, Zachary Booth

  • 2012
  • 1h24

Abe, la trentaine, s’accroche à son adolescence et notamment à la collection de
jouets qui décore sa chambre. Il vit toujours chez ses parents, travaille pour son
père qui le considère comme un loser et passe ses soirées à jouer avec sa mère
au backgammon. Lorsqu’Abe rencontre Miranda, trentenaire déprimée revenue
vivre chez ses parents, il entrevoit la possibilité d’une grande histoire d’amour et
parvient à la convaincre de l’épouser. Alors que le couple prépare cette nouvelle
vie, Abe est en proie au doute et au manque de confiance en lui qui le minent
depuis l’enfance.

Todd Solondz (Bienvenue dans l’âge ingrat, Happiness, Life
during wartime) retrouve ici ses thèmes de prédilection et la sévère critique de
l’American way of life que dégage le grotesque de sa mise en scène distanciée,
ainsi que les personnages peu avenants et pas très équilibrés qui habitent à peu
près tous ses films. Rien de très dépaysant donc pour qui connaît son univers
mais c’est pourtant probablement son film le plus surprenant et le plus réussi.
Parce qu’il abandonne la narration chorale pour se concentrer sur un personnage,
parce qu’il reste méchant tout en évitant le mépris facile, parce qu’il ne joue plus
au petit malin et reconnaît enfin les vertus du retrait et de l’humilité. Une oeuvre
habile, parfois tordante mais également bien plus émouvante qu’il n’y parait.
Ceux qui n’attendent de Solondz qu’un éternel remake d’Happiness en seront
pour leurs frais : son écriture s’est affinée, a évolué vers l’amertume.