French Cancan

Jean RENOIR

Avec Jean GABIN, Françoise ARNOUL

  • 1954
  • 1h44

Pour son premier film en France depuis 1939, Jean Renoir
recrée en studio le Montmartre de son enfance, celui des
petits métiers et des music-halls. Le plus français des
cinéastes a goûté à l’Amérique mais c’est avec une comédie
musicale infléchie de traditions scéniques françaises qu’il
retrace la réinvention d’une danse ancienne par Danglard
(Jean Gabin), fondateur du Moulin rouge, qui proposera aux
bourgeois le frisson de l’encanaillement. Cette friction entre
les classes sociales qui parcourt French Cancan trouve son
équivalent dansé dans le french cancan qui abolit la rampe
entre scène et salle. Mais le mouvement caractérise aussi
l’intrigue: ascension sociale de la blanchisseuse Nini découverte
par Danglard, remous financiers autour du cabaret en
construction, valse-hésitation de Nini et de Danglard entre
trois amours Comment rendre à l’écran le mouvement sans
le figer ? Comment filmer le passé sans l’embaumer ? Renoir
apporte des réponses à tous les niveaux de la mise en scène,
de l’écriture aux angles de caméra en passant par les décors.
French Cancan est jusqu’à son éblouissant final, apothéose
du mouvement – l’âme de la danse comme celle du cinéma.

Charles Boyer refusant le rôle, c’est Jean Gabin, que Renoir
admire et a filmé trois fois avant-guerre, qui jouera Danglard.
Chez Françoise Arnoul (qui, à 23 ans, enchaîne les rôles de
femme facile), Renoir décèle une écoute suffisante pour jouer
Nini. Plus libre dans les seconds rôles, il réunit ses fidèles
des années 1930, Gaston Modot (La Grande Illusion, La Règle
du jeu), Valentine Tessier (Madame Bovary), Max Dalban
(Toni) ainsi que le fleuron de la chanson française, Édith Piaf,
Patachou, Jean-Roger Caussimon et Cora Vaucaire.

À la fin du tournage, le film fait près de 2 h 30. Renoir rentré
en Amérique, la production coupe sans égards. Disparus, une
séquence qui suit le bal à la Reine blanche et un plan où l’on
voit Van Gogh, Pissarro et Degas attablés à un café. French
Cancan sort à Paris fin avril 1955. Dixième meilleure recette
de l’année, c’est le dernier succès public de Renoir.

(Extrait du document édité par l’ADRC avec le soutien du CNC, en partenariat
avec les Cahiers du Cinéma.)