Miel

Yusuf a 6 ans et vit avec ses parents dans un village isolé d’Anatolie. Pour le petit garçon, la forêt environnante est un lieu de mystère et d’aventure où il aime accompagner son père apiculteur. Il le regarde avec admiration grimper en haut des arbres pour récolter le miel. Un jour, Yusuf bégaye en déchiffrant un texte que son professeur lui a demandé de lire. Ses camarades se moquent de lui et l’excluent de leurs jeux. Quand son père doit partir chercher les abeilles dans un lieu lointain et dangereux de la montagne, Yusuf devient muet. Il n’arrive plus à distinguer le monde réel de celui qu’il avait imaginé avec son père…

Entre
poésie et naturalisme, Miel recompose un monde imaginaire sensible, avec une
rigueur dans les cadrages qui augure peut-être d’un renouveau du cinéma turc.
La manière dont Semih Kaplanoglu traite avec tendresse et finesse le laborieux
cheminement de Yusuf rappelle inévitablement les chefs-d’œuvre moraux
de l’iranien Kiarostami (Où est la maison de mon ami ?). Et à travers ce conte
d’enfance, Kaplanoglu rend, par sa mise en scène splendide faite de longs
plans et d’une bande son d’une richesse exceptionnelle, un hommage vibrant
tant aux paysages millénaires anatoliens qu’à un monde rural prêt à disparaître.
Un monde immémorial qui semble avoir à peine changé depuis le début de
l’humanité, un monde qui nous emplit d’une douceur de miel, une sensation
délicieusement régressive, tant on sait que malheureusement ce monde n’en
a plus pour longtemps.

Ours d’Or du Festival de Berlin 2010