Reality

Matteo Garrone

Avec Aniello Arena, Loredana Simioli, Nando Paone

  • 2012
  • 1h55

Au coeur de Naples, Luciano est un chef de famille hâbleur et joyeusement
exubérant qui exerce ses talents de bonimenteur et de comique devant les
clients de sa poissonnerie et sa nombreuse tribu. Un jour, poussé par ses
enfants, il participe sans trop y croire au casting de la plus célèbre émission
de télé-réalité italienne. Dès cet instant, sa vie entière bascule : plus rien
ne compte désormais – ni sa famille, ni ses amis, ni son travail ni même la
petite arnaque imaginée par son épouse, qui améliorait un peu leur ordinaire!
Le rêve de devenir une personnalité médiatique modifie radicalement son
destin mais aussi celui de tout son entourage…

Après la noirceur absolue de
Gomorra, fiction sur la pieuvre mafieuse et ses tentacules étranglant Naples
et l’Italie, Garrone, dans Reality, privilégie le mélange des genres et slalome
élégamment entre la comédie, le drame social, la fable voire, dixit lui-même,
une forme de «réalisme magique», dans quelques séquences qui rappellent
inévitablement Fellini, géant défunt dont l’ombre plane avec discrétion sur
le film. Matteo Garrone le sait et en joue : il arrive même à rendre touchant
et drôle le regard émerveillé de son héros qui découvre, soudain, ce monde d’illusions… Pour raconter cette histoire à la fois banale, accablante et
délirante, Matteo Garrone, comme aux plus belles heures de la comédie
italienne, fait preuve d’une inspiration formelle à chaque scène. Et ses plans
séquences, dans les rues de Naples, au plus près des personnages, subliment
l’humanité en souffrance à laquelle, avec le sourire et sans un gramme de
condescendance, il rend hommage. Le film est, en effet, moins une charge
contre la téléréalité qu’un hymne aux humbles, piégés par leur propre candeur.
Reality est une comédie noire, une farce populaire cruelle et truculente, de
celles que Naples inspire depuis toujours aux artistes italiens.

Grand Prix du Jury Festival de Cannes 2012