Rétrospective Seijun Suzuki

Seijun Suzuki

  • 1963

Tarantino et Jarmusch lui doivent beaucoup. Seijun Suzuki fut, dans les années 60, le plus doué des cinéastes japonais, inventant sans cesse des formes nouvelles. De ce maître du cinéma pop, évincé par les majors pour son insolence politique, on peut découvrir aujourd’hui 6 films.

LA BARRIÈRE DE CHAIR
1964-1H30. AVEC YUMIKO NOGAWA, IKUKO KASAI, KAYO MATSUO.

Après la seconde guerre mondiale, dans un Japon meurtri, cinq prostituées vivent
en groupe dans un ghetto de Tokyo. Telle une famille unie, elles défendent leur territoire et leurs intérêts communs. Mais l’arrivée d’une nouvelle fille et d’un ancien soldat blessé pourrait mettre en péril leur unité.
«Superbe témoignage sur le Japon de l’après-guerre, La Barrière de chair est l’une découverte sidérante.» (Les Inrocks)

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DÉTECTIVE BUREAU 2-3
1963-1H25. AVEC JOE SHISHIDO, REIKO SASAMORI, YUKO KUSUNOKI.

Toutes les organisations de Yakuzas de Tokyo se sont données le mot : un criminel, au centre d’une guerre des gangs généralisée, est sur le point d’être relâché par la police et ce sera à qui lui fait la peau en premier. Heureusement pour lui, le détective Tajima arrive à l’extraire de cette situation périlleuse. Il lui demande en échange de l’introduire auprès de son boss. Commence alors pour le justicier une infiltration visant la destruction de l’organisation mafieuse.
«Une oeuvre emblématique du style de Seijun Suzuki. L’élégance de sa mise en scène fait merveille, aussi bien dans le mouvement (superbes travellings) que dans les cadrages, les compositions de plans et la beauté pop qui se dégage de toutes les séquences de cabarets.» (dvdclassik)

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HISTOIRE D’UNE PROSTITUÉE
1965-1H36. AVEC YUMIKO NOGAWA, TAMIO KAWAJI, HIROSHI CHO.

Dans les années 30, Harumi est une prostituée dont l’amant vient de se marier à une femme qu’il n’aime pas. Dépitée, elle se rend en Mandchourie, en plein conflit sino-japonais, pour y travailler avec d’autres filles. Elle y devient vite le souffre-douleur d’un officier violent.
«Plongée sans concession dans l’univers des prostituées de guerre, le film échappe à l’exploitation pure et simple pour se hisser au niveau d’un film d’auteur audacieux, faisant preuve d’une réelle maestria visuelle. A découvrir absolument.»
(aVoir-aLire)

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LA JEUNESSE DE LA BÊTE
1963-1H27. AVEC JOE SHISHIDO, ICHIRO KIJIMA, AKIJI KOBAYASHI.

Le détective Tajima joue un jeu dangereux : afin de venger la mort d’un de ses amis, il accumule les délits. Conformément à ses plans, les Yakuza le recrutent rapidement et il intègre le gang qu’il veut détruire en semant la discorde de l’intérieur. Mais alors que le massacre commence, il réalise avec stupeur que la personne à la tête du clan ne répond pas aux critères mafieux habituels.
«A priori, rien ne distingue ce policier japonais d’un autre. Or, dès les premières scènes, tout en respectant point par point le cahier des charges du genre (un flic dresse les gangs les uns contre les autres pour venger l’assassinat de l’un de ses amis), Suzuki fait montre d’un style très personnel, à la limite de la parodie.» (Les Inrocks)

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LA MARQUE DU TUEUR
1967-1H27. AVEC JOE SHISHIDO, KOJI NAMBARA, ISAO TAMAGAWA.

Le tueur numéro 3 devient la cible de ses commanditaires après avoir raté un contrat. Alors qu’il se défait sans mal des hordes d’assassins envoyés à sa suite, il trouve le réconfort auprès de ses maîtresses. Mais le défi ultime s’annonce quand le mystérieux tueur numéro 1, dont personne de vivant n’a jamais vu le visage, se met également à ses trousses.
«Si ce film noir porte une marque, c’est celle de Seijun Suzuki, cinéaste iconoclaste vénéré par Tarantino et Jarmusch. Avec ce polar abstrait, Suzuki flingue la narration et se place sur cette ligne de crête entre sublime et grotesque, sur ce chemin étroit qui donne les films de genre les plus singuliers, ceux qui finalement résistent au temps. 50 ans après sa réalisation, ce film inoubliable demeure toujours aussi surprenant, unique.» (Télérama)

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LE VAGABOND DE TOKYO
1966-1H22. AVEC TETSUYA WATARI, CHIEKO MATSUBARA, HIDEAKI NITANI.

Yakuza «au chômage», Tetsuya Hondo, est contacté par un clan mais décline l’offre. Comprenant qu’il met ainsi en péril sa vie et celle de ceux de son ancien clan, il quitte Tokyo pour devenir vagabond.
«Le vagabond de Tokyo est un voyage à tous les sens du terme, celui de Tetsu à travers le Japon, mais surtout celui de Suzuki à travers le cinéma de yakuzas qu’il transfigure, qu’il emmène du genre du film noir au genre coloré de la comédie musicale. Un film à voir et encore plus à revoir tant il est riche. Un monument.» (Ciné-Asie)