Rodin

Jacques Doillon

Avec Vincent Lindon, Izïa Higelin, Séverine Caneele

  • 2017
  • 1h59

À Paris, en 1880, Auguste Rodin reçoit enfin à 40 ans sa première commande de l’Etat : ce sera La Porte de L’Enfer composée de figurines dont certaines feront sa gloire comme Le Baiser et Le Penseur. Il partage sa vie avec Rose, sa compagne de toujours, lorsqu’il rencontre la jeune Camille Claudel, son élève la plus douée qui devient vite son assistante, puis sa maîtresse. Dix ans de passion, mais également dix ans d’admiration commune et de complicité. Après leur rupture, Rodin poursuit son travail avec acharnement. Il fait face au refus et à l’enthousiasme que la sensualité de sa sculpture provoque et signe avec son Balzac, rejeté de son vivant, le point de départ incontesté de la sculpture moderne.

«Rodin, formidable personnage dont Lindon semble être le double, tourmenté, passionné, acharné au travail et amoureux de la glaise qui le rattache à cette terre matériau que Rodin place avant tous les autres dans sa hiérarchie personnelle, devant le bronze, la pierre, le bois, l’or même. Une glaise qu’il pétrit, caresse, frappe, plie, bat revenant sans cesse sur son ouvrage, des mois, des années, jamais satisfait à quel moment une oeuvre a-t-elle atteint sa plénitude ? «Je suis venu chez vous, lui dira Rainer Maria Rilke, pour demander comment il faut vivre. Et vous m’avez répondu : en travaillant». Une réponse que Doillon reprend à son compte, dans un film exigeant tourné dans les lieux mêmes où vécut Rodin : sa maison de Meudon. On imagine qu’il n’est pas anodin de se glisser ainsi dans des lieux empreints d’une telle présence : le lit qui trône dans la chambre était celui de Rodin, il mangeait assis à la table de la salle à manger et l’atelier où Lindon s’affronte à la glaise est celui où il travaillait, accueillait ses assistants, ses visiteurs on imagine qu’il ne pouvait que se produire une forme d’identification qui se ressent à travers des images dont les couleurs ne sont jamais agressives, mais sensuelles, fortes et douces. Troublant voyage dans le temps que la vision de la silhouette de Lindon rend encore plus concret tant il semble «ancré au sol», familier de ce décor. Toutes les oeuvres du film ne sont pas des originaux, mais des reproductions réalisées par une dizaine de sculpteurs qui restituent les étapes et mécanismes de la création avec toutes les techniques qu’utilisait Rodin : assemblage, fragmentation, agrandissement : ne pas trahir les gestes, donner à sentir l’oeuvre de création en train de naître. Le musée Rodin a ouvert son immense documentation, prêté sculptures, outils ou accessoires, ajoutant à la touche poétique et humaine un petit plus d’authenticité.» (Utopia)

Sélection Compétition Officielle Festival de Cannes 2017