Shahada
BURHAN QURBANI
Avec MARYAM ZAREE, CARLO LJUBEK, JEREMIAS ACHEAMPONG
- 2010
- 1h28
Shahada, qui signifie « la Foi », décrit le destin croisé de trois jeunes berlinois issus de l’immigration qui tentent de concilier pratique de la religion musulmane et mode de vie occidental et dont les valeurs et la foi sont ébranlées au cours de leur évolution. Trois êtres que la vie contraint à s’orienter de nouveau et à se demander qui ils sont, qui ils aiment et en quoi ils croient. Il y a Ismail, policier visiblement affecté par une autre femme que la sienne, Sami un jeune black qui travaille au marché à poissons, irrésistiblement attiré par un collègue, et surtout Maryam, fille d’Imam, qui vient d’avorter clandestinement et subit des complications qui l’angoissent.
Construit en quatre chapitres (le début du voyage, la dévotion, le sacrifice et le choix du chemin), Shahada questionne brillamment la possibilité de l’intervention divine dans le quotidien de chacun, ceci en mettant ses personnages face à des évènements dramatiques, ou à des coïncidences angoissantes. Il question ainsi la capacité de chacun à marier foi et destin, sans plonger dans la paranoïa et l’extrémisme, et sans déformer le sens d’écritures affirmées comme source de bienveillance.
Impressionnant, ce premier long-métrage témoigne d’une virtuosité
narrative et d’une inventivité visuelle peu communes, en plus d’offrir une fenêtre
différente sur un monde méconnu, la communauté musulmane allemande, avec une humanité universelle. Avec Shahada, qui désigne la profession de foi des
musulmans, Qurbani s’oppose aux stéréotypes et montre des individus intégrés,
des musulmans tolérants qui ont chacun un rapport plus ou moins fort avec leur
religion. A travers un récit organisé en cinq chapitres (reflétant les cinq piliers du
Coran), il enchevêtre les histoires de plusieurs personnages en crise qu’il pousse
à leurs limites à travers des conflits moraux et des motifs universels (culpabilité,
aveu, punition, amour interdit…) auxquels ils essaient de faire face avec leurs
propres convictions. Si le film évoque, à travers sa galerie de personnages et
d’attitudes, plusieurs étreintes interdites, c’est-à-dire des amours contrariés,
c’est finalement parce que tout, le Coran comme l’humanité en général, a pour
fin l’amour du prochain (compassion et tendresse sont très présents dans le film).
Ce film aspire à résoudre les conflits par la fluidité et la tolérance.