The Florida Project

Sean Baker

Avec Willem Dafoe, Bria Vinaite, Caleb Landry Jones, Brooklynn Prince

  • États-Unis
  • VOSTF
  • 2017
  • 1h52
  • Tout public

Moonee a 6 ans et un sacré caractère. Lâchée en toute liberté dans un motel de la banlieue de Disney world, elle y fait les 400 coups avec sa petite bande de gamins insolents. Ses incartades ne semblent pas trop inquiéter Halley, sa très jeune mère. En situation précaire comme tous les habitants du motel, celle-ci est en effet trop concentrée sur des plans plus ou moins honnêtes pour assurer leur quotidien

«Les dépliants touristiques ne les montrent jamais. Ces boutiques cheap où acheter des billets et souvenirs à prix réduits. Ces motels roses, jaunes et violets dont les couleurs il y a longtemps pimpantes ne cachent plus les murs lézardés et les balcons de guingois. C’est pourtant là, en périphérie du parc Walt Disney en Floride, que vit Moonee. Mais pour la petite fille, il n’y a rien là pour entamer sa joie. Elle a ses amis. Elle est dans son monde. Celui où elle ne voit pas les loups qui rôdent. Lui aussi comme en périphérie de la gloire factice d’Hollywood, filmant sur les côtés, en toute indépendance, Sean Baker construit tranquillement une oeuvre. Starlet, Tangerine, The Florida Project la cohérence est indéniable. Et elle se voit partout. Dans cette mise en scène dont les mouvements fébriles captent, avec une sensibilité et une énergie folles, la vie sur le qui-vive de tous ces laissés-pour-compte. Dans ces couleurs fluo et ces néons comme des claques insolentes à la misère. Ou, surtout, dans ce refus clair et net de tout misérabilisme, de toute complaisance, de tout moralisme () Mais le regard de Baker est lucide aussi. Car, si dans Tangerine, il réinventait Cendrillon sauce prostitués transexuels pour mieux réécrire le conte, ici c’est tout l’univers Disney qu’il confronte, son mercantilisme et son rêve en boîte. Et à la joie inquiétante de Disney, le cinéaste oppose, avec panache, le trash lumineux des enfants de la marge. Nécessairement, le choc est bouleversant. D’autant que ce diable de scénario tisse sa toile pour réussir un crescendo dramatique hallucinant se concluant sur l’une des séquences finales les plus crève-coeur des dernières années, filmée sur un iPhone en toute illégalité dans le parc d’attractions. Intelligent et empathique, vif et incarné, The Florida Project est tout simplement un film qui a du coeur. C’est assez rare pour le souligner.» (Bande à part)

Quinzaine des Réalisateurs Festival de Cannes 2017