Trois soeurs

Milagros Mumenthaler

Avec MARIA CANALE, MARTINA JUNCADELLA, AILIN SALAS, JULIAN TELLO

  • 2011
  • 1h38

Buenos Aires à la fin de l’été. Marina, Sofia et Violeta sont seules dans la maison
familiale alors que leur grand-mère, qui les a élevées, vient de mourir. Chacune cherche,
à sa manière, à combler cette absence. Marina se concentre sur ses études tout en
prenant soin du foyer, tandis que Sofia est obnubilée par son apparence et sort avec des
amis. Quant à Violeta, elle erre de la chambre au salon où elle reçoit, de temps à autre, la
visite d’un homme. Désaccords, fous rires, mesquineries et signes d’affection rythment
cette période d’incertitude, jusqu’à ce jour d’automne où Violeta disparaît sans crier
gare…

Trois soeurs fait partie de ces films qui laissent plus de place à ce qui n’apparaît
pas à l’image qu’à ce que contient le cadre. Une ellipse, une absence d’explication (la
disparition de la grand-mère est au centre du film mais aussi en pointillés), cachent
une ellipse plus grande encore (que sont devenus les parents ?). Cette plongée sans
sous-titres, sans repères, dans le quotidien de trois jeunes filles observé au microscope
éveille parfois le malaise d’un Canine, décidément maître étalon ces dernières années
en matière de narration claustrophobe, familles cassées et inquiétante étrangeté. Trois
soeurs flirte même avec le fantastique le temps d’une apparition nocturne. La caméra de
Mumenthaler, de temps à autre, semble s’échapper par de longs et lents panos sur un
jardin, une chambre vide, comme à la recherche d’une présence invisible dans la maison.
Ouvrir portes et fenêtres. Le titre original du film (Abrir puertas y ventanas) sonne à la fois comme un injonction
triviale mais aussi un mystère. Avec ce long métrage élégant et incarné, Milagros
Mumenthaler se signale comme un nom à suivre.

Léopard d’or, Prix d’interprétation féminine et Prix de la critique au Festival
International de Locarno