Wrong

Quentin Dupieux

Avec Jack Plotnick, Eric Judor, Alexis Dziena

  • France
  • VF
  • 2012
  • 1h34
  • Tout public
  • Comédie
  • Mystère
  • Drame

Dolph a perdu son chien, Paul. Le mystérieux Master Chang pourrait en être la cause.
Le détective Ronnie, la solution. Emma, la vendeuse de pizzas, serait un remède, et
son jardinier, une diversion ? Ou le contraire. Car Paul est parti, et Dolph a perdu la
tête

Autodidacte excentrique et iconoclaste, docteur Jekyll cinématographique,
il aura su, en l’espace de deux films seulement (Steak et Rubber), s’inscrire dans le
cercle très fermé des jeunes auteurs visionnaires du cinéma de l’absurde (aux côtés
de Spike Jonze et Michel Gondry). Wrong, sous ses allures d’oeuvre cinglée, fidèle à
son maître, n’est pas un film qui a simplement vocation à faire surgir le fantastique
d’une brèche ouverte sur le réel, mais bien à faire coexister, dans un même espace,
banalité et singularité. Sommes-nous dans un drame ? Une comédie ? Une fable
onirique ? Un thriller surnaturel ? Un peu de tout cela à vrai dire. Entre univers
décalé, ambiance kafkaïenne et dérives narratives proprement angoissantes,
Quentin Dupieux tutoie le cinéma de David Lynch dans ce qu’il a de plus viscéral (la
perte de repères et d’identité), certains moments évoquant Mulholland Drive. Les
expérimentations visuelles (flou gaussien, couleurs lissées, cadrages insolites) et
le travail sonore (somptueuse soundtrack calée comme un métronome sur la mise
en scène) lui donnant cependant toute sa singularité sur le traitement esthétique.
Une singularité que l’on retrouve également dans l’écriture marginale, ouvrant
ses portes aux silences, aux onomatopées comme aux cris du cœur, et nourrie
de dialogues surréalistes mais hilarants. On est parfois très proche de l’univers
littéraire tragi-comique de Samuel Beckett à ceci près qu’en digne représentant de
la sous-culture, Quentin Dupieux ne s’interdit pas les glissements vers l’ânerie pure
ou le délire outrancier. Par son extravagance décomplexée, et sous ses allures de
simple délire Arti, Wrong est donc sans conteste le film le plus abouti de son auteur
à ce jour. Dopé par une prodigieuse performance d’acteur, et doté d’une véritable
intrigue au discours sous-jacent, il se paye le luxe d’un final émouvant et quasi
poétique, nous laissant avec un drame humain qui ne ressemble à aucun autre.